Je n'ai rien à dire ce matin. Un vent de tristesse reprend le dessus. Mon immobilité me glace le coeur.
Pourtant je bouge beaucoup, mais j'ai le goût d'être ailleurs, de voyager; de me stimuler. Revenir au bercail à tous les soirs me donne l'impression de revenir au port à chaque brunante, sans pouvoir aller trop loin.
C'est évident, le fait d'être maman à 38 ans bouscule bien des choses; se poser la question "où est le biberon ?", "est-ce que j'ai assez de couches ?" et "je prend la poussette ou le tissu kangourou?" me ramène toujours au fait que maintenant je ne suis plus seule et indépendante.
Maintenant je suis "deux", je dois revenir pour le dodo, je dois rester disponible pour quelqu'un d'autre.
Et pourtant, j'ai tant rêvé de maternité... J'imagine que j'encaisse lentement. Je n'ai pas de regret (AUCUN), seulement, je me sens assommée, lourde, bloquée..et je ne reste pas à la maison, je bouge et encore et tout le temps mais pas encore seule... Je me sens égoïste de parler ainsi, je culpabilise mais merde... je m'exprime; ça me travaille en dedans, ça bouillonne et en même temps, je trouve beau et génial tout ces changements quotidiens qu'Akim portent en lui!
Ces mains par exemple, il est à plein temps avec elles; il travaille fort à tout ramasser, attraper, taper, lancer, goûter; je le vois se découvrir et ça me fout les boules, j'ai le goût de m'arrêter et le regarder simplement évoluer.
Ce sont les mains de papa en pleine puissance; les grands doigts que l'on avait déjà découvert lors de l'échographie de la 20ième semaine sont si longs...
Oui; un mélange de tendresse et de confrontations; le voir s'épanouir et me sentir prise dans cette routine me bouscule. Je suis à la fois ravie et trahie, en peine et en émerveillement, en osmose et en déchirements.
Je crois que si j'avais eu un enfant plus jeune, je ne m'aurais pas posé tant de questions et le décalage ne serait pas aussi grand. Mais je sais aussi que mon expérience de vie me guide vers des solutions rapides en tant que mère. Je crois que tout ce que je vis est bien naturel mais je croyais sincèrement ressentir plus de joies et moins de lourdeur. La fatigue n'est pas étrangère à tout ces sentiments, j'en conviens...
Il y a aussi les relations avec les autres qui changent mais ça, c'est pour une autre fois, j'y cogite et fais le ménage dans tout ces nouveautés. J'en reparlerai sûrement bientôt, inch allah!
D'ici là, respirons à fond, admirons nos différences et similitudes, il n'y a pas que les mains; il y a aussi les pieds qui nous gardent sur terre et portent en nous les prochains pas, notre demain.
2 commentaires:
ouf, mes larmes se retiennent pour terminer la lecture de tout ce qui t'habites, les mots sont magiques lorsqu'ils sont écrits par toi, tu es capable de transposer des émotions dans des mots qui ne sauraient mieux traduire la réalité,tu as beaucoup de courage et tu ne peux pas être plus intègre avec toi-même...tu sauras transmettre cette valeur à Akim qui fera de lui un homme à l'écoute de son coeur et des autres,tu sais lorsqu'on veut être une bonne maman, car nous savons tout le poids de responsabilités que cela comporte et on ne voudrait surtout pas influencer négativement notre enfant qui est encore à l'état pur ...
c'est le défi d'une vie qui nous pèse inconsciemment,mais constamment et je crois que les autres et même le papa ne ressentent pas aussi intensément ce désir de dépassement...à tous les jours, ce petit être nous confronte à devenir meilleur parce que nous savons comment la vie est si fragile et comment cet enfant ne peut rien faire sans nous...
tu sais, je crois que peu importe l'âge, avoir un enfant signifie quelque chose de différent pour toutes les mamans et nous vivons cette étape comme nous gérons notre vie d'avant...donc comme tu es intense et que tu te questionnes pour te faire évoluer depuis longtemps...tu restes la même avec Akim et les bébés ont le tour d'aller chercher le meilleur de nous même, donc après on doit s'organiser avec ce qui reste pour prendre soin de nous, de papa, des amis,es, de la famille, de la maison...et il faut surtout que tu continues de rêver...ce soir, en me couchant, je t'emnène avec moi dans cette villa à l'île Margarita que je rêve de louer pour une semaine sans bébé et papa pour me rappeller que je suis toujours une femme qui a des besoins personnels...mais oui ce mot est toujours dans le dictionnaire...
je crois que malgré que tu fais plein d'activités, le malaise se trouve au niveau de ton équilibre Énergitique et ton âme a besoin de se faire une nouvelle place dans cet arc-en-ciel qui prend place dans ta vie maintenant,je suis de tout coeur avec toi, bisou
J’ai lu avec beaucoup d’émotion le témoignage LES MAINS.
Tu écris ce que j’aurais pu écrire lors de la naissance de Louise.
À cette époque, il était encore plus malvenu d’avouer de telles émotions sans passer pour
une mauvaise mère. Et pourtant, Dieu sait combien je chérissais ce petit bébé tant désiré mais combien fragile.
J’étais déçue de moi, de ma maladresse. Heureusement, je pouvais me confier à ton père qui, lui, comprenait :La réalité était loin du rêve.
Travaillant comme conférenciers en préparation au mariage, j’ai osé confier aux autres conférenciers mon expérience plus prosaïque de la maternité. Auparavant, toutes offraient aux fiancés une image idyllique de la maternité. Une, puis deux, soulagées par ma confidence, ont confié vivre la même expérience.
Au moins, on devait offrir une image plus réaliste aux fiancés. C’est sur qu’ils le comprendraient plus tard, mais on se devait de les situer plus « au ras des pâquerettes.»
C’est difficile aussi de le partager avec nos enfants au risque de les traumatiser. Mais lorsque vous êtes MÈRES à votre tour, vous comprenez. le langage. Une amie de 86 ans, arrière-grand-mère, me confiait que sa petite-fille, nouvelle maman, lui a demandé comment avait-elle fait pour avoir élevé quatre enfants avec moins de possibilités que maintenant.
Partager aujourd’hui avec les nouvelles mères rendra sûrement un grand service. C’est ce que vous avez fait aux ateliers du CLSC, ce que tu fais à travers ton blogue. Pourquoi pas publier éventuellement? Tu écris si bien et tu traduis si bien les états d’âme d’une mère
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