lundi 16 juin 2008

Mot à mot


Hier, nous sommes allé visiter oncle Jacques à la Villa St-Martin. Jacques ne parle presque plus. À la fin de l’hiver, il a eu un ACV.

Jésuite, homme de verbe, de jeu de mots, de passion.

Aujourd’hui il n’a plus le verbe facile. Il débute une phrase en la finissant dans l’embrouille…

Son esprit reste pourtant aussi vif. Mais les mots ne cavalent plus aussi vite à sa bouche.

Un deuil à faire d’une partie de soi.

Surtout quand le langage fait partie du métier, du contact avec l’autre comme lui. Il a toujours joué avec les mots subtilement. Maintenant cette finesse, délicatesse n’est plus.

Avec Akim, ils s’exprimaient comme ils pouvaient, un lien entre ces 2 mondes du « babillage » évoquait pour l’un l’éveil du langage et pour l’autre sa rétrogradation ! Pour l’un, si heureux de cette grande nouveauté, pour l’autre, une peine.

Mes parents, Mao et moi étions là, avec un certaine tristesse, un malaise. Être présent étant notre seul moyen de lui faire part de notre amour pour lui.

Puis Akim dans toute sa fraîcheur... est allé au devant de lui et a joué de la langue, en la tirant et l’avalant tout en faisant un son amusant. Oncle Jacques l’a suivi dans ce jeu, en l’imitant.

Je voyais là, la nature de mon oncle, un geste rieur et complice en contraste à l’esseulement qu’il doit ressentir depuis.

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